À l’heure où le numérique bouleverse à la fois nos libertés individuelles et nos institutions démocratiques, Mathieu Michel défend une conviction claire : il ne suffit plus de réguler la technologie, il faut lui donner un sens. À travers son engagement politique puis associatif, il plaide pour une « démocratie 2.0 » — un modèle où le digital devient un levier de confiance, d’éthique et de participation citoyenne.

Cet article retrace son parcours, de la Déclaration de Louvain-la-Neuve (2024) à la création de l’ASBL Citoyens Numériques, qui prolonge cette ambition dans la société civile.

Pourquoi parler de « démocratie 2.0 » ?

En tant que secrétaire d’État à la Digitalisation, à la Simplification administrative et à la Protection de la vie privée, Mathieu Michel a été confronté à plusieurs tensions majeures du monde numérique :

  • La toute-puissance des plateformes et des algorithmes, qui influencent nos opinions, nos émotions et notre santé mentale.

  • Le fossé numérique, qui creuse les inégalités d’accès, de compétences et de compréhension.

  • La fragilité de la confiance envers les services digitaux, les institutions et la protection des données personnelles.

Face à cela, la « démocratie 2.0 » vise à replacer le citoyen au cœur de la sphère numérique.

Elle repose sur deux piliers essentiels :

  • Mettre la technologie au service de la participation et de la transparence.

  • Instaurer une gouvernance numérique fondée sur la confiance et la responsabilité des acteurs — publics comme privés.

Une vision stratégique de la citoyenneté à l’ère du numérique

Mathieu Michel articule sa démarche autour de cinq axes complémentaires :

  1. Un Internet plus sûr et responsable — lutter contre la surexposition, les contenus nocifs et protéger les mineurs.

  2. Une identité numérique équilibrée — concilier anonymat, pseudonymat et responsabilité, notamment par la vérification d’âge.

  3. La transparence des données — permettre à chacun de savoir comment ses informations sont utilisées et renforcer les autorités de protection.

  4. L’inclusion numérique — former et outiller tous les citoyens afin qu’aucun ne reste au bord du monde digital.

  5. L’éthique et la régulation — exiger des standards élevés de transparence algorithmique et de responsabilité des plateformes.

Cette approche ne relève pas d’une simple modernisation administrative, mais d’une philosophie politique : faire du numérique un bien commun.

La Déclaration de Louvain-la-Neuve : un tournant européen

Signée en avril 2024, la Déclaration de Louvain-la-Neuve constitue l’un des jalons majeurs de cette ambition.

Elle énonce que l’espace en ligne doit devenir « plus sûr, plus éthique, plus respectueux des droits fondamentaux ».

Les points clés :

  • Priorité à la protection des jeunes face à la surexposition et aux effets des algorithmes.

  • Application renforcée du Digital Services Act (DSA) pour encadrer les grandes plateformes.

  • Mise en avant d’une identité numérique à trois niveaux : anonyme, pseudonyme vérifiable, ou totalement vérifiée.

La portée du texte :

Cette déclaration fait de la Belgique un acteur moteur dans la réflexion européenne sur la citoyenneté numérique.

Elle relie sécurité, droits et responsabilité — non comme des impératifs techniques, mais comme les bases d’une nouvelle maturité démocratique.

De l’État à la société civile : l’ASBL Citoyens Numériques

Conscient que la démocratie ne se réinvente pas uniquement par décret, Mathieu Michel choisit de prolonger cette dynamique dans la société civile.

Il co-fonde Citoyens Numériques ASBL, un projet d’éducation, de dialogue et d’action collective autour de la citoyenneté numérique.

Objectifs :

  • Placer l’éducation à la citoyenneté numérique au centre de l’attention politique

  • Développer des outils pédagogiques à destination des enseignants et des élèves.

  • Favoriser la participation citoyenne à travers la formation et la sensibilisation.

Cette transition traduit une conviction profonde : la confiance numérique ne se décrète pas, elle se construit dans la rencontre entre institutions, citoyens et éducation.

Concrètement, que signifie une « démocratie 2.0 » ?

  • Le baromètre numérique 2025 : un instrument de mesure de la maturité citoyenne face au numérique.

  • La protection des mineurs : renforcement de la modération et de la responsabilité des plateformes via la Déclaration de Louvain-la-Neuve.

  • L’identité numérique à plusieurs niveaux, pour conjuguer sécurité et respect de la vie privée.

  • Des formations à l’inclusion numérique, afin de réduire la fracture entre connectés et exclus du digital.

  • Une transparence accrue sur les données personnelles, notamment face à l’essor de l’intelligence artificielle générative et des clones vocaux.

Les défis à relever

Cette vision ne va pas sans tensions ni paradoxes :

  • Vie privée vs vérification d’identité : comment concilier sécurité et anonymat ?

  • Inclusion vs exclusion : comment éviter que la régulation n’écarte les publics les moins connectés ?

  • Modération vs liberté d’expression : où placer la limite entre protection et censure ?

  • Cadence technologique vs lenteur législative : comment adapter le droit aux innovations permanentes ?

  • Culture citoyenne numérique : comment former des citoyens capables d’esprit critique dans l’univers algorithmique ?

Ces défis sont autant de chantiers à poursuivre pour que la démocratie 2.0 ne reste pas un idéal, mais devienne une pratique quotidienne.

Un enjeu central pour l’avenir démocratique

Promouvoir une démocratie numérique, c’est :

  • Donner à chaque citoyen les moyens de participer activement, et non de subir les flux numériques.

  • Renforcer la transparence des institutions et des entreprises.

  • Garantir une égalité d’accès et de compétences face au digital.

  • Prévenir les dérives — désinformation, manipulation algorithmique, radicalisation.

  • Réaffirmer les droits fondamentaux dans l’espace virtuel : vie privée, liberté d’expression, éducation et égalité.

Conclusion

Avec sa vision de la « démocratie 2.0 », Mathieu Michel trace les contours d’un numérique plus humain :

un espace où la technologie ne fragilise pas la citoyenneté, mais la renforce.

De la Déclaration de Louvain-la-Neuve à l’ASBL Citoyens Numériques, son parcours illustre la volonté de passer du cadre politique à l’action éducative et participative.

Reste à transformer ces principes en pratiques durables : adoption généralisée de l’identité numérique, inclusion renforcée, et diffusion d’une véritable culture citoyenne du numérique.

Le chemin est long, mais la direction est claire : faire du digital un outil de confiance, d’émancipation et de démocratie.

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